Diab’ en jhingue

C’ÉTAIT TROIS JEUNES GARÇONS

Chanson recueillie en 1974 à USSON-DU-POITOU
Centre de ressources e-vellour
Centre Culturel – La Marchoise

C’était trois jeunes garçons qu’aimaient le vin z-à boire (bis)
Qu’aimaient le vin z-à boire, aussi s’y divertir
Et d’aller voir les filles, c’était leur seul plaisir

De là s’sont en allés dans la ville de Rennes (bis)
Dans la ville de Rennes c’était pour faire l’amour
A trois petites lingères jolies comme le jour

Le plus jeune des trois a dit : « Voilà la mienne ! » (bis)
A dit : « Voilà la mienne, elle est faite à mon gré
Je vais lui demander si elle veut s’y marier »

« Non non, petit bonhomme de toi je n’en veux guère (bis)
Dedans la Picardie, tu as femme et enfants
Dedans la Normandie, tu en as bien autant … »

« Qui te l’a dit cela, ma petite lingère ? » (bis)
« C’est un de tes confrères, qui s’appelle Nicolas
Oh la petite lingère, jamais tu ne l’auras ! »

De là s’sont en allés au petit jeu de boules (bis)
Au petit jeu de boules, sur le bord d’un étang
Par un coup d’aventure, la boule coula dedans

« Hélas ! quel grand malheur ! J’ai perdu ma maîtresse (bis)
J’ai perdu ma maîtresse pour avoir mal joué)
Au petit jeu de boules jamais je n’y jouerai ! » (bis)

LA COMPLAINTE DU FACTEUR

Paroles : Pierre CHEVRIER
Musique : Philippe COMPAGNON
Du spectacle de théâtre d’enfants
« La Lettre du Géant » (1993)

Autrefois plusieurs fois par jour
On servait l’Amour
Des p’tits bouts d’cœur avec des fleurs
Tout remplis d’odeurs

C’était tout chaud, ça pesait lourd
C’était joli ça sentait bon
Comme un gâteau qui sort du four
Quand on entrait dans les maisons

Mais à présent c’est moins marrant
Au lieu des fleurs et des rubans

On est chargés de plus en plus
De plus en plus
De réclames en papier glacé
Papier glacé
De dépliants de prospectus
De prospectus
De grandes pages de pubs bien tassées
Pub bien tassées

Pour les ouitils (bis)
Pour les habits (bis)
Des bons d’achat (bis)
De bouffe à chat (bis)

Ça sert à quoi d’s’user les pieds (bis)
On n’emporte plus que du papier (bis)

Autrefois pour porter l’Amour
C’était bien trop lourd
Il aurait fallu deux facteurs
Armés jusqu’ au cœur

Transport d’amour et surveillance
C’est trop d’responsabilités
Pour convoyer les confidences
Faut-au moins êtr’ deux à piloter

Mais à présent ça risque rien
T’en perds un bout, personne se plaint

Ça passe tout d’suite aux oubliettes
Aux oubliettes
Car sans amour y’a pas d’valeur
Y’a pas d’valeur
Même si tu bourres les boîtes à lettres
Les boîtes à lettres
De catalogues en quatr’ couleurs
En quatr’ couleurs

Pour le pinard (bis)
De beaux falzars (bis)
Un grand lâcher (bis)
De viande hachée (bis

Y’a plus grand risque dans l’métier (bis)
On n’emporte lus que du papier (bis)

Ça s’rait pourtant super un
De r’porter l’Amour
Si tous les gens avec ardeur
Echangeaient leurs cœurs

J’ai un p’tit conseil bien pratique
A donner au gouvernement
Pour conserver l’service public
Faut cultiver les sentiments

Mais si ça continue comme ça
Vous allez voir qu’ces cochons là

I’ vont m’coller sur ma casquette
Sur ma casquette
Et sur mes sacoches à vélo
– coches à vélo
Des affiches pour les cigarettes
Les cigarettes
Je s’rai comme un circuit d’auto*Circuit d’auto

« Votez moins cher !’ (bis)
« Achetez plus loin ! «  (bis)
« Cent francs la paire (bis)
D’ cercueils « machin » (bis)

Jusqu’à la s’melle de nos souliers (bis)
On s’ra des facteurs en papier (bis)

L’ARC-EN-CIEL EN SABOTS

Paroles et musique de Jean-Jacques CHEVRIER

Longtemps il a fait le gros dos
Parcourant la plaine en sabots
Parcourant la plaine en sabots
don-daine
Parcourant la plaine en sabots
don-don

Quand le temps n’était pas très beau
Il venait danser en sabots

Au bras de la fille de l’eau
En bel habit et en sabots

Sautait par-dessus les coteaux
Les pieds légers même en sabots

Faisait un pont sur les ruisseaux
Sur chaqu’ rive un pied en sabot

Couronnait chênes et ormeaux
Posant sans bruit ses deux sabots

Si le matin se levait tôt
C’était de l’eau plein nos sabots

Mais si le soir faisait le beau
Le lend’main allions sans sabots

Mais la campagne – triste lot !-
Perdit ses gens et leurs sabots

La ville y poussa aussitôt
Sur le béton point de sabots

Aussi un soir le cœur bien gros
N’sachant plus où mettre un sabot

Il partit c’est pas de sitôt
Qu’on l’verra passer en sabots

Et même si cela vous paraît gros
Restez pas les pieds dans l’même sabot

Un arc-en-ciel même le plus haut
Meurt s’il n’a place pour ses sabots
(bis)

TANGO DE LA BOUFFE

Paroles : Pierre CHEVRIER
Musique : Philippe COMPAGNON
Du spectacle de théâtre d’enfants
« Le Cordonnier qui n’existait pas » (1990)

(Parlé) :
« Alors M’sieur l’Maire, comment ça va ? »
« Bin, ça va ! »

Tout va très bien dans mon village
On a un bon calendrier
Tous les ans l’foot fait son voyage
Comme j’suis l’Maire i’ m’ont invité

On a été dans tous les coins
Où qu’y des caves et du bon vin
Comme y’avait du fric de restant
On s’est fait un bon restaurant

On a bouffé…
Des langoustes et des coquillages
On a bouffé…
Des rognons et du cassoulet
Tout l’monde était tellement chauffé
Qu’on a même pas vu les fromages
C’était vraiment un bon voyage
Quand on voit tout c’qu’on a bouffé (bis)

La la la la….

(Parlé) :
« Alors M’sieur l’Maire , comment ça va ? »
« Bin…ça va ! »

Tout va très bien dans mon village
Juste après l’banquet des pompiers
C’est l’tour du Comité d’jumelage
Là forcément j’dois présider

On avait préparé la r’vanche
Sur les cuites de la dernière fois
En sortant d’la messe le dimanche
I’ z’avaient tous une crise de foie

On a bouffé…
Du farci, du canard sauvage
On a bouffé…
Des écrevisses et du migé
I’ sont rentrés chez eux à pied
Y’an a qu’on pas passé l’potage
On a vraiment un bon jumelage
Quand on voit tout c’qu’on a bouffé (bis)

La la la la….

(Parlé) :
« Alors M’sieur l’Maire, comment ça va ? »
« Bin… ça va ! »

Tout va très bien dans mon village
Un peu avant l’quatorze juillet
C’est la kermesse du troisième âge
Là, vraiment j’eux pas y couper

On leur met chacun une p’tite tasse
Sur un p’tit carré en papier
Toutes les femmes des conseillers passent
Avec les piats et les potets

On a bouffé…
Des prunes et d’la tarte au fromage
On a bouffé…
D’la confiture et du pâté
I z-ont laissé cinq-six dentiers
Dans leurs deux boules à la pistache
C’est vraiment chouette le troisième âge
Quand on voit tout c’qu’ i’ peuvent bouffer (bis)

La la la la la

LA CHANSON DES CHIEURS DE LONG
(FOUCHTRA MACHTINGOU)

Chanson collectée en 1973 à Saint-Secondin
Archives sonores Centre de ressources « e-vellour »
Centre Culturel – La Marchoise 86160 Gençay
La chanson se chantait en dansant sur des pas de marchoise (danse) et avec un accent supposé « auvergnat »

O y’a rien d’auchi drôle lon la

Con-gré par-mi-nia
Fouchtra mach-tin-gou
Rouch-ka
Ch..Ch..

O y’a rien d’auchi drôle
Que les chieurs de long (ter)

Ils chont là chur leur pièche lon-la
A chier des chevrons

Leur maîtr’ qui vint les voère
Chiez bin mes garçons

A la chaijon prochaine
Tous nous nous en irons

Nous irons voère nous femmes lon la
Tous thiés-là qu’en aront

O ya que nout’ grous Piâre lon la
Que nous mariderons

Ac’ la grousse Gabrielle lon la
Nous le mariderons

ROCK à ROQUER
LA PATTE A LA POULE

Paroles : Pierre CHEVRIER
Musique : Philippe COMPAGNON
(Du spectacle « Et dans cet œuf ? » – 1988 – Centre Culturel La Marchoise)

Maint’nant dans les villages
Y’a pu persoune y’a pu qu’daus vieux
Pour soigner l’héritage
Le sont goujés jusqu’aux deux yeux
Qui qu’tu roques ?
Qui qu’tu roques ?
Un p’tit pigeon une patte de poule
Ol’en a toujou pien la goule

Une aile de cane un bian d’poulet
Une cuisse de prote un cul d’cané
V’là c’qu’i roque
Vl’à c’qu’i roque

Vous savez bin c’qu’ol’est
Quand qu’ol’ est vieux o fait pu rin
O mange à piènes bolées
Ol’est tout coume daus p’tits nourrains
Qui qu’tu roques ?
Qui qu’tu roques ?
Tu passes d’vant la maison de r’traite
Le sont tout l’temps dans la galette
Une aile de cane…………

Le dimanche quand qu’on part
Avec le clube dau troisième âge
Tu dirais dans thio car
Qu’ol’a qu’daus dentiers qui voyagent
Qui qu’tu roques ?
Qui qu’tu roques ?
Premier arrêt dégustation
Deuxième arrêt (rûûûeu…)-digestion
Une aile de cane………..

(Instrumental)

Le député a v’nu
A nout’ banquet o y’a deux mois
L’a dit c’est bien connu
« Bon appétit votez pour moi »
Qui qu’tu roques ?
Qui qu’tu roques ?
Encore un p’tit bout d’tarte aux poires
Avant d’aller dans l’isoloir
Une aile de cane………..

Mai avant d’étouffer
Avant de v’nir complétement fous
Quand qu’y ‘aurons tout bouffé
I nous mangerons tous entre nous
Qui qu’tu roques ?
Qui qu’tu roques ?
Et le pu grous quand qu’i’ s’rons morts
Ol’est thio là qui sera l’pu fort

Une aile de cane un bian d’poulet
Une cuisse de prote un cul d’cané
Le cou au jarcq la tête au coq
I’ai bin mangé i’ai fait mon ro…ck
Faut qu’i roque
Faut qu’i roque
Faut qu’i roque
Faut qu’i roque

« Instrumentaux » (chœur):

– Cot, cot codaque
– Lou, lou de li glou
– Oi, oi de li doi
– Coin, coin de li coin
(séquence de chanson traditionnelle)

LA JAVA DES BROCANTEURS

Paroles et musique : Pierre Chevrier – Mai 2003)

Dans nout-é villajhes
I sons à la page
I sons fourrés dans l’progrès

Daus espécialistes
Vendont aux touristes
Les pinates et les pots de grès

Coum’ s’ol’tait la guerre
L’vidont nous armoères
Nous guenilles et nous outils

Les vieilles roues d’borouètes
L’buffet pi les couètes
Les barriques et les bois d’lit

Chez nous autes thiés affaires valant rin
Mais pas pu tout rendues dans l’magasin
Ol’ét coume si l’attendiant tous les matins
Daus piens cars d’Américains

Videz les villajhes à piens paniers
Fasez dau pillajhe dans les guerniers
Laissez rin traîner venez videz vendez
Qu’o reste pu qu’les araignées

L’aute jhour su la foère
I voés su l’trottoère
Entr’ une tabe et une évier

Devant la brocante
Deux bancs d’chez ma tante
Qua i’avians j’tés dans les bourriers

Jhamais thielle pauv’ vieille
Arait cru ses oreilles
S’o y’avait dit qu’ses bancs pourris

S’venderiont pu cher
Qu’une piace classe affaire
dans l’Concorde New-York-Paris

Coume tous qués vieux qui s’trouvont cocus
Al’est partie pi a l’a pas su
Qu’al avait boune jhens toujou vécu
En s’assitant pu haut qu’son cul

Videz les villajhes à piens paniers
Fasez dau carnajhe dans les guerniers
Laissez rin traîner venez videz vendez
Qu’o reste pu qu’les araignées

Tous qués antiquaires
Qui savont rin faire
Que v’nir tout nous ramasser

Les pauv’vieilles affaires
Qu’ont vu d’la misère
Et qu’nous vieux aviant fabriquées

L’sont même pas capabes
D’ajhuster une tabe
Qu’a s’tenne drète su ses quate pieds

L’trouvont pu pratique
D’vendre dans i’eux boutiques
De c’qui i’eux a rin coùté

La brocante ol’ét pas compliqué
Pas b’soin d’ète bin fin pour y’arriver
T’as qu’à d’ou z-appeler d’l’antiquité
T’as dix cons pour ou -zacheter

Videz les villajhes à piens paniers
Fasez les pirates dans les guerniers
Laissez rin traîner venez videz vendez
Qu’o reste pu qu’les araignées

Quèques années encore
Pi i s’rons tous morts
Y’aura pu rin à curer

L’sauront pi qui prendre
L’sauront pu qui vendre
O s’ra tout désaburé

L’iront dans l’cimetière
Dévirer la terre
L’sortiront nous vieux tibias

Pour faire daus lampadaires
A mille euros la paire
Su une pianche en formica

Le vendront nous arteils en porte-clés
Nous crânes biancs pour mette su la télé
Le diront “thio vieux mais qui qu’la envalé…?
le fait rin que d’rigoler !!”

Videz les villajhes à piens paniers
Fasez dau pillajhe dans les guerniers
Laissez rin traîner venez videz vendez
Qu’o reste pu qu’les araignées

Videz les villajhes à piens paniers
Fasez les pirates dans les guerniers
Laissez rin traîner venez videz vendez
O f’ra bin rire les araignées

LE DIAB’ EN JHINGUE !….

(Paroles et musique : Pierre CHEVRIER)

Quand qu’o mouille su la chandelle
O mouille é-tou su la javelle
Au bout du pont la cane y coue
Si tu peux pas ou dire chante-z-ou

Tu sais nager coume une tavelle
I vas te r’monter les bretelles
Tournez-ou virez-ou
Vous en arez pour vos quate sous

Trente-six métiers trente-six misères
Tout est foutu l’âne et les poères
Et si ma tante en avait deux
Faurait qu’a mange mais qu’d’une queue d’boeu

Les poules grattant par en errière
M’avis d’ête à la main d’où faire
Quand qu’y’aura une casserole au feu
I tâcherai d’y attraper la queue

Mordu d’un chin mordu d’une chène
Faut pas s’piainde avec la goule piène
Faut pas jhinguer appeler Raoul
Et compter l’oeu dans l’cul d’la poule

• V’étez combin vous autes
• Autant qu’o y’a d’assiettes
• Combin qu’o ‘a d’assiettes
• Y’avons chacun la note

Et……Pi qu’o va et pi qu’ol’est
Mais o va bin coume ol’est m’né
Y’a le boeu pi y’a la vache
Et pi thio-là qui les détache
O va, o vient, ol’est coume la queue du chin
Le diab’ en jhingue !….
Silence !…
La queue du chat balance…

Tu baves et tu dis qu’o mouille
Qu’ol’est la fête à la cagouille
Une femme qui pisserait que d’l’argent
Faut la faire boère qu’a pisse tout l’temps

T’as la mine d’un jhau qui bouille
O tourne tout en borouet d’andouille
Proche dent proche parent
Chaud coume un bouc à la Saint-Jean

Parpaillon avant l’hosanne
Fait porter chausses et mitanes
La queue du chin al’ est bin v’nue
Rends-me ma bourse et mes écus

O fait coume la cotchue aux canes
Mais pour du son o faut faire l’âne
Et coume ol’ est bin entendu
Que trente-six fesses font dix-huit culs

O trouve toujhou un gende habile
Quand qu’ol’ a marié sa fille
Faut pas jhinguer appeler Raoul
Et compter l’oeu dans l’cul d’la poule

Michaud Michasse ton cul ferlasse
T’es bin gourmand coume une ajasse
A nau d’un pas d’jhau
Faut prendr’ mais d’russes que d’rabertiaux

Quand qu’ j’avance tu r’cules
C’est les pu près du feu qui s’brûlent
Faut mette d’la paille dans ses sabots
Mais pas faire Pâques avant Rameaux
Avisse !

Tout chin qui pisse relève la cuisse
Un bon chin en fait pisser dix
Au bout du pont la poule y pond
O’sort pas un prot d’une oeu d’pigeon

Le garde-champêtre qui pue qui pète
Qui prend son cul pour une trompette
Fier coume un rat su un pain chaud
A pas les pieds dans l’même sabot

Ol’est la poule qui pond qui chante
O faut aller du vent qui vente
Faut pas jhinguer appeler Raoul
Et compter l’oeu dans l’cul d’la poule

Que l’Bon Dieu vous bénisse
Vous fasse le nez comme j’ai la cuisse
Compte là-dessus et pi bois d’ l’eau
Ol’ est pu vite fait qu’un cent d’ fagots

Roule coume un oeu dans une boéroche
Va donc parler à ma gailloche
I m’appelle par mon nom
Ol’ est écrit su mes talons

Y’a pas d’ fagot qu’a pas sa riorte
Même un feignant coume une barbote
O mange mais en huile qu’en coton
Vaut mieux pisser dans n’un violon

Ol’ est curieux coume une chatte piène
A cul pia dans la palène
Mange donc une de tes mains
Et tu garderas l’ aute pour demain

Et si o faut z-ou prende à taille
O s’ tripote pas coume un piumail
Faut pas jhinguer appeler Raoul
Et compter l’oeu dans l’cul d’la poule

ALICE ET JEAN

Paroles et Musique : Pierre CHEVRIER

C’était une fois la belle Alice
Et son amoureux le p’tit Jean
Elle habitait à Saint-Maurice
P’tit Jean vivait à « Chez Vécant »

Comm’ leurs parents étaient sévères
Ils se voyaient pas trop souvent
Une fois l’été, une fois l’hiver
(Et encore)
Pas les jours où y’avait du vent

Instrumental

Frustré de ne pas voir Alice
Un jour p’tit Jean de Chez Vécant
A dit « J’me casse à Saint-Maurice
En vélo ça prendra moins longtemps» !

Mais en passant au giratoire
Comme il forçait sur ses moyeux
La pédale a touché l’trottoir
Le v’la qui tombe en plein milieu

Instrumental

Le p’tit Jean, presque à Saint-Maurice
A roulé sous une benne à grain
Le chargement balance et glisse
Après deux ou trois gros coups de frein

On l’a r’trouvé à la pelleteuse
Tortillé dans ses roues d’vélo
Le corps cassé la tête piteuse
Toute aplatie comme un tourteau

Instrumental

Il faut avouer que c’est bien trisse
D’aller faire l’amour en vélo
Et d’se r’trouver – Y’a pas d’justice !-
Ecrabouillé sous un silo

On vit une époque très cynique
Où l’amour est bien accablé
Vaut mieux rouler les mécaniques
Pour ramasser un max de blé

Instrumental

Depuis c’temps là la belle Alice
En souvenir du petit Jean
Vient su’ l’rond-point de Saint-Maurice
Semer des graines, quand y’a du vent

Instrumental

C’était une fois la belle Alice
Et son amoureux le p’tit Jean
Elle habitait à Saint-Maurice
P’tit Jean était de « Chez Vécant »

LE GROUS QU’A LA MARE

Paroles et musique : Pierre CHEVRIER

1 – O y’a l’vosin derrière chez nous
Qui s’est fait creuser un grand trou
L’veut y garder l’eau quand qu’o mouille
Pour faire tremper ses pieds d’ garouille

Le peut pu passer dans les ch’mins
A cause de tous ses grous engins
Le y’ont douné daus subventions
Pour déracher tous les bossons

Quand qu’lés mondes passont d’vant chez li
Le d’sont « Mais qui qui mèn’ tant d’bruit ? »

Ol’est l’vosin à grous cigare
Le grous qu’a la mare
Qui raballe tout dans ses tiroirs
Le grous qu’a la mare
Le met pas d’eau dans son Ricard
Le grous qu’a la mare
Le la garde pour remplir sa mare
Le grous qu’a la mare

2- L’a daus pivots su cinq-six puits
Le dit qu’la nappe est rin qu’à li
Qu’l’a’ droèt d’où faire pasque l’ou z-aime
Nourrir tout l’monde aux OGM

Mais le dit pas qu’ses tournesols
Vont tout virer à l’éthanol
Pour faire péter tous les quate-quate
Et les avions daus technocrates

Tout pour la goule et la bagnole
Tant pis pour le cholestérol

A tabl’ le prend toujou deux parts
Le grous qu’a la mare
L’a la goule rouge coume une homard
Le grous qu’a la mare
L’a pas besoin d’son gyrophare
Le grous qu’a la mare
O l’voét même quand qu’y du brouillard
Le grous qu’a la mare

3 – Et coume ol’ arrête pas l’progrès
L’s’est mis à faire daus p’tits gorets
Dans ses grands toéts le les nourrit
Ac’ daus farines pi d’la chimie

Le changera pas y’a pas d’danger
Ol’est une espèce protégée
Y’allons l’fourrer au gard’manger
L’faire voère aux touristes étrangers

Le roi d’la mare la super-star
Le pape dau développement rural

Son p’tit avion sous soun hangar
Le grous qu’a la mare
Sa p’tite villa aux Baléares
Le grous qu’a la mare
3 000 mères treues dans daus placards
Le grous qu’a la mare
Qu’o pue qu’o ferait caler un r’nard
Le grous qu’a la mare
Le va p’tète élever dau caviar
Le grous qu’a la mare
Subventionné par le Qatar
Le grous qu’a la mare
L’ou surveillera ac’ daus radars
Le grous qu’a la mare
Su toutes les feuilles de nénuphar
Le grous qu’a la mare
Y’i faut trois piaces quand que l’se gare
Le grous qu’a la mare
Le paye son buftèque en dollars
Le grous qu’a la mare

Ol’est l’vosin à grous cigare

Etc…etc…

RICOCHETS DE MA MEMOIRE

Paroles et musique: Pierre CHEVRIER
(“ La Chanson de Thomas”, du spectacle: “La Griffe du Destin” – 2008-09 –
d’après le conte Gallois “Le chat blanc de Bewts-y-Coed”)

Nous étions tous deux enfants
Insouciants
Elle avait de grands yeux clairs
Un peu verts
Nous allions nous promener
Près du lac
Jouant avec nos reflets
Dans les flaques

R – Ricochets de ma mémoire
Glissent sur l’eau
Ricochets de ma mémoire
Coulent dans l’eau

Nous nous sommes assis tous deux
Amoureux
J’ai regardé ses yeux clairs
Un peu verts
Le vent traçait des sillons
Sur les eaux
Et nous sentions des frissons
Sur nos peaux

R

J’ai ramassé un caillou
Près de nous
L’ai lancé en ricochets
Bien serrés
Elle a tenté une fois
Après moi
Son caillou sautait moins loin
Que le mien

R

M’a fixé de ses yeux clairs
En colère
Et m’a tourné les talons
Pour de bon
Elle frappait ses pieds mouillés
Dans les flaques
Nos reflets se sont brouillés
Près du lac

R

Je suis parti du pays
Loin d’ici
Ne suis jamais revenu
Pas revu
La belle fille aux yeux clairs
Un peu verts
Ou s’est noyé mon amour
Pour toujours

LES PETITS MOUTONS DU POITOU

Paroles et Musique : Pierre CHEVRIER – Mars 2013

Depuis longtemps déjà l’Histoire nous a appris
Que nos lointains ancêtres les gens du pays
Avec terre et outils étaient soldés vendus
Pillés, vidés, tondus
Par des maîtres dodus

Qu’ils étaient « attardés, grossiers et ignorants »
Selon notre préfet Cochon de Lapparent
Tout juste bons à faire de petits soldats
Dans les bateaux du Roi
Pour conquérir le Canada

Les petits moutons petits moutons du Poitou
Sont très polis gentils sont si mignons comme tout
Ils ne font pas de bonds ne haussent pas le ton
Quand on… Les tond

Ils donnaient leurs pièces jaunes aux Fermiers Généraux
Leurs récolt’s et leurs bêtes aux nobles hobereaux
Passaient leur vie courbée devant ces beaux messieurs
Au langage précieux
Mais corrompus et vicieux

Cette situation était d’ordre divin
Leur expliquaient curés, moines et chapelains
Pour éviter l’Enfer il faut souffrir ici
En imaginant que la vie
Sera plus belle au Paradis

R

Deux ou trois siècles après les temps ont-il changé
Car si les gens d’ici trouvent de quoi manger
Ils ont tout simplement changé de proprios
De nouveaux aristos
Construisent de super-châteaux

Après avoir chassé les derniers habitants
Ils vont mettre à la place crocodiles et serpents
Repeupler le pays avec des ouistitis
Et faire tourner sur un circuit
Leurs « Bugatti » leurs « Ferrari »

R

(éventuellement changement de ton : de DO et RE)

Mais les moutons vont bien finir par se fâcher
Et fourrer les noblaillons le nez dans leurs déchets
Se r’mettre à cultiver les terres réservées
Aller piquer des navets
Sur la ligne du TGV

Nous n’avons pas besoin de parcs pour VOS loisirs
Mais nous voulons l’espace pour sauter et courir
Sans payer de nos corps et devenir inquiets
En ouvrant le chéquier
Aux banquiers et aux boutiquiers

Les petits moutons petits moutons du Poitou
Ne seront plus polis ni bien mignons comme tout
Ils vont faire des bonds, ils vont hausser le ton
Si on….Les tond

(Ad libitum)

CHANSON DU VOLEUR

Paroles et musique : Pierre CHEVRIER
(Du spectacle « Le Rêve du voleur » Août 2005)

Venez amis, et vous beaux matelots
Compagnons de misère, écoutez-moi
Je me suis fait prendre sur ce bateau
C’était pour m’en aller à Nouméa

Je n’étais pas fait pour rester là
Assis à la maison comme un dindon
Passer ma vie comme un gros bourgeois
Je voulais traverser d’autres horizons

Voler Voler
Partir ailleurs
Rêver de s’envoler
Rêve voleur

Jamais frappé, jamais tué
Il ne me reste rien de tout ce que j’ai pris
J’ai tout donné, tout partagé
Pour aider les plus faibles, les plus petits

Voler le temps, volé vos amours
On ne m’a jamais vu sur les mêmes chemins
Toujours ailleurs toujours à rebours
Sauté par vos fenêtres, glissé dans vos mains

R

C’est vous qui avez des chaines aux pieds
Qui vivez enfermés assis dans le noir
Jaloux de ma joie, de ma liberté
Je suis votre fenêtre et votre espoir

Quand je suis là au fond de vos prisons
Serré dans une cage, pris au filet
Vous oubliez, vous perdez la raison
Vous rêvez de bientôt me voir envoler

R – Canon

Amis, frères, qui m’entendez
Si je me suis laissé enfermer là
C’est pour mieux rêver de m’évader
C’était pour m’en aller à Nouméa

R

LE CACHALOT
DE SAINT-MALO

Paroles et musique : Pierre CHEVRIER (2012)

Un hiver me sentant pâlot
J’me suis dit « Tiens j’m’en vais changer d’air
J’vais m’en aller à Saint-Malo
Y’a longtemps qu’j’ai pas vu la mer ! »

J’prends l’téléphone « Allo, allo ?
C’est-i la gare pour le ch’min d’fer ?
J’veux un billet pour Saint-Malo
Pour demain ?…Pas pour avant-hier ! »

J’suis monté, moi mon p’tit ballot
Dans l’wagon qui sentait la mer
Des coussins comme des shamallows
Pour y enfoncer mon derrière

R

Mais des putains d’enfants d’salauds
M’ont balancé par la portière
A cinquante bornes de Saint-Malo
J’vous assure que j’faisais pas l’fier !

J’ai bien rajusté mon calot
Et j’suis r’parti en humant l’air
Dans la direction d’Saint-Malo
En longeant le bord de la mer

Des p’tits bateaux et leurs falots
Dansaient au loin comme un cimetière
La lune faisait un grand halo
Qui caressait l’étoile polaire

R

C’est alors qu’un gros cachalot
Qui passait là sur son scooter
Me crie « J’m’en vais à Saint-Malo
Si tu veux bien monter derrière… »

J’y dis : « Tu veux qu’j’me mette à l’eau
Moi qu’ai jamais quitté la terre ?
Mais ça va m’tremper les grelots ! »
« Accroche-toi bien fais pas d’manières ! »

Et on s’est engouffrés dans l’eau
En soul’vant des gerbes de poussière
On est rentrés à Saint-Malo
Par la grande porte des corsaires

R

I’ m’a dit « Moi j’m’appelle Paulo
J’ai perdu mon père et ma mère
J’suis pas coco ni socialo
Mais j’suis copain d’la terre entière »

On a tourné au grand galop
Dans la ville en buvant des bières
Et j’suis reparti d’Saint-Malo
Bras d’sus bras d’sous avec mon frère

I’ m’a prêté un pédalo
Pour rentrer à la Talonnière
Et une fois dans mon bungalow
J’ai « vraiment, c’est la misère ! »

R

(parlé : J’ai dit « vraiment c’est la misère !.. »

S’ i’faut aller à Saint-Malo
Boire un coup au milieu d’l’hiver
Et compter sur un cachalot
Pour partager ta vie d’galère
(ter)

I MAGNE MA BIRUCHE

Paroles et Musique : P.CHEVRIER

Coume ol’avait dit défunt Henri le vieux maçon
Moé « i magne ma biruche
Moé I magne ma birette »

I’ai toujou bin suivi sa leçon
I magne ma biruche ma birette magne donc

Tou pétit i’avais déjà la vocation
I m’la s’couais pour un oui ou pour un non

Quand qu’i ai grandi I fasais sauter l’édredon
Toutes thiés mouches que i’ai collées au plafond (en magnant…)

I’ai pas pour d’attraper daus pollutions
Pas d’piastique autour de moun invention

I sé pas cause de la surpopulation
Ol’est pas moé qui bouff’ les allocations

Si tous les gars pratiquiont ma religion
Y aurait moins d’morts à la goule des canons

Quand qu’il les voés le soèr après les élections
L’en d’sortont motié sautés dau carafon

L’sont tout l’temps fourrés d’vant i’eu télévision
Voèr daus gars qui tapont dans n’un ballon

Après ça le surveillont i’eux fonds d’pension
O m’fait mais d’bin que d’la spéculation

Quand qu’i s’rai mort mettez-mou dans la position (pour qu’i magne…)
En attendant la résurection

Quand qu’l’auront tout fait péter pour de bon
I r’vinrons avec Henri le vieux maçon

VOYAGE DE NOCES

Paroles et Musique : Pierre.CHEVRIER (2008)

Aller viens, ma jolie, j’t’emmène
Aller viens, ma jolie, on s’en va
On va pas laisser passer l’aubaine
C’est pas si souvent qu’on fait ça

Aller viens, ma jolie, j’t’emmène
C’est pas forcément loin où on va
On consommera pas trop d’kérozène
Et si y’en a pu on s’arrêtera

On ira pas jusqu’à Valparaiso
On f’ra pas l’tour du monde sur un bateau
On aura pas au fond d’ la soute
Des bagages de 500 kilos

On ira même pas jusqu’à Chicago
Pour attraper nos vieux rêves au lasso
On s’en ira su’ la p’tite route
Le cul calé dans la deux-chevaux

Allez viens, ma jolie, j’t’emmène
C’est la première fois qu’on s’en va
On va pas rester à la traîne
On va faire comme les gros bourgeois

Mais pas tout à fait quand même
Faut pas qu’on s’prenne pour des gens comme ça
On vit pas à Paris sur Seine
Mais dans l’village près d’chez Paméla

On verra pas les bonnes femmes du Lido
Assis à côté d’Carla et d’Sarko
A la place on a les cantiques
De nos vieux copains qui chantent faux

Et on s’mettra sur not’ autoradio
Un air des moènes, un vieux tube de Renaud
On s’ra bercés par leurs musiques
Le cul calé dans la deux-chevaux

Aller viens, ma jolie, j’t’emmène
C’est décidé cette fois on y va
Faudra p’tète emporter une p’tite laine
Des fois qu’on aurait un peu froid

On mettra dans l’fond d’la benne
Un saucisson une boîte de p’tits pois
Et p’tète un gros gâteau à la crême
Pour faire la fête au bord d’un bois

On débouch’ra pas un Clos-Vougeot
Un Châteauneuf ou un Château-Margaux
On s’ra passés par la barrique
Tirer deux-trois litres de baco

On bouff’ra pas dans un d’ces grands restaus
Mais on s’arrêtera dans un bon vieux bistrot
On picossera un paquet d’frites
Le cul calé dans la deux-chevaux

Aller viens, ma jolie, j’t’emmène
Viens t’promener où les cons n’y sont pas
On restera jusqu’à la fin d’la s’maine
On s’ra tout bronzés quand on r’viendra

Tous les amis qui nous aiment
Au retour nous sauteront dans les bras
Et i’nous payeront sans problème
Un coup d’pineau pour fêter ça

On ira pas dormir dans un château
Rolés dans un tout un tas d’couettes qui donnent chaud
Avec la clim’ qui fout la crève
Et tous les larbins su’ l’paletot

Mais au bord d’l’autoroute des escargots
On s’garera bien, on mettra un rideau
Et on trouvera la nuit bien brève
Tous deux calés dans la deux-chevaux

Aller viens, ma jolie, j’t’emmène
Aller viens, ma jolie, on s’en va
La la la la la la la la…..

On ira même pas jusqu’à Chicago
Pour attraper nos vieux rêves au lasso
On s’en ira su’ la p’tite route
Le cul calé dans la deux-chevaux