Métivier Adolphe alias Jacquet L’Oumeis, Louichet Lageasson

[19/05/1850 Melle (79) – 2/12/1931, Niort]

Comme son père et son frère, il se consacrera à la culture maraîchère à Melle. À propos d’un Concours agricole organisé à Melle voici ce que l’auteur d’un compte–rendu en poitevin–saintongeais écrivait de cette famille de maraichers :

A coutai ol avoét çheùques tàetes de chous, carotes, poumes de taere é jhoutes rabes, mé présque rén…Voure ét–o le tenp que lés Métivàe garnissiant présque a zàus touts souls la moetai de l’alàie é fasiant galopàe daus lumas de la Drouille su daus citoulles bén pu grousses que daus bourgnes.
Reconnaissance incontestée d’un savoir faire de producteurs.

Sans jamais être atteint du « virus » littéraire, Adolphe Métivier sera très tôt tenté par l’écriture en langue poitevine–saintongeaise, la seule dans laquelle il s’exprimera. On peut apprécier son style dans un article paru dans Le Mellois du 26/04/1885, sous la signature de Jacquet l’Oumeais, dans lequel il répond aux attaques portées contre lui par le Comité d’organisation de la Cavalcade de Sauzé–Vaussais (79).

À partir de 1892, il s’attelle à l’écriture des Pelbois de d’aut’fait qui deviendront plus tard, les Potevins de d’aut’fait. Si Auguste Gaud loue la vie morale du paysan comme un idéal, Adolphe Métivier qui est peut–être plus en prise avec ce monde, se montre plutôt comme un peintre caricaturiste, un observateur au regard aigu. Il ne se pose ni en apôtre, ni en penseur. Il est tellement imprégné de sa langue et de sa culture qu’il les restitue sans chercher d’illusions.
Pourtant, il fréquente assidument Auguste Gaud. Tous les deux vont parcourir la région et même la France pour donner des conférences sur la langue et la culture poitevines–saintongeaises, à travers contes, chansons et saynètes.

À lire les journaux et revues d’époque, Adolphe Métivier passe pour être un interprète hors du commun. Voici ce qu’en disait M. C. Poinsot dans un article qu’il signait dans le numéro d’avril du Gotha Français :

A. Métivier, méconnaissable sous le costume d’une ancienne peleboise, arriva à son tour. Assis sur une chaise, quenouille au bras et fuseau en main, d’abord il chante « je file ma quenouille », l’illusion est parfaite. Voix, gestes, attitudes, poses, regards sont d’une de ces bonnes femmes dont chacun de nous possède une image ineffaçable dans la mémoire. Métivier est non seulement un auteur excellent mais aussi un comédien exceptionnel.

Adolphe Métivier était, tout comme son père avant lui surnommé « Le Bun Dieù ». Dans un article en poitevin-saintongeais traitant de sa pièce on peut lire à ce sujet :

Pr màe ol y at ine chouse çhi n’étét pa su le prougrame é çh’i aràe étai bén ureùs de vere, mé core que le porte in si bea sobriçhét çhàu mossieù Métivàe n’at poé l’aer d’étre portai su la dévociun. L’aeme bén lés anciéns mundes é l’ét bén au faet de lous coutumes é de lous magnéres, mé ol y at in endrét voure le les laeche bén réde en are é voure le ségue Progrés au grand galop (tout coume si l’avét menjhai daus piments), ol ét pr la Relijhiun çh’i vàut dire.

(Le Mellois n° 3719 du 22-26/10/1902)S’il ne joue pas sa pièce, Métivier ne quitte pas la scène pour autant et il donne des spectacles de ses chansons et monologues. Voici ce qu’on pouvait lire dans le Mémorial des Deux-Sèvres à ce sujet :

(…) Puis une vieille femme en costume d’autrefois, apparaît sur la scène. C’est M. Métivier, inimitable dans ses chansons, poésies et monologues patois : Je roule et je déroule, De se marier, Quel triste sort qu’être femme de paysan, jamais le public ne se lasse; les rappels succèdent aux rappels, et dans la salle, ce ne sont qu’acclamations et rires. Un court entr’acte. (…) M. Métivier réapparait, sous les traits du bounhoumme Francet. La célébration du mariage de Suzon avec Jacquet…; Les rubans volant au vent, Les conseils de Louichet L’Ageassein, etc., font revivre devant le public les usages, les coutumes, les croyances superstitieuses du vieux Poitou. On rit, on applaudit…

Écrits :

Grond souveni de la Cavalcade de Sauzé–Vaussais dau lindi 6 avreuil 1885.
La Vérité au coumité de la Cavacade de Sauzé–Vaussais, par Jacquet L’Oumeis. Le Mellois, n° 1635 du 26/04/1885. [AD79 F° P 38] ;
Au sujet d’une polémique entre les organisateurs de la Cavalcade et les frères Métivier qui avaient participé à l’animation de cette fête ;
Saint–Mouessant en fête. Feuille volante (nd) ;
Chanson écrite à l’occasion de l’inauguration du monument de la défense nationale en 1902, par M. Trouillot alors ministre du Commerce.
Une veillée chez Chauvinet. Saynète en patois poitevin. (Impr. Coussard et Cie), Melle. En vente chez l’auteur à Melle, (nd), 43 p ;Un voyage à Paris. Saynète en patois poitevin. (Impr. Coussard et Cie), Melle. En vente chez l’auteur à Melle, (nd), 29 p ;
L’Ensorcelée. Saynète en patois poitevin. (Impr. Coussard et Cie), Melle. En vente chez l’auteur à Melle, (nd), 29 p ;
Célébration d’un mariage et le Fuchtin. Saynète en patois poitevin. (Impr. Coussard et Cie), Melle. En vente chez l’auteur à Melle, (nd), 28 p ;
La boune Femme Catheline (récit) ;
Vie d’une femme à la campagne, ou triste sort d’une femme de peisan (monologue) ;
Triste sort d’une femme de pésan. Monologue en patois poitevin.

Émilien Traver écrivait de cette pièce :

…monologue très bien réussi où sont détaillés avec beaucoup de naturel et de vérité, dans un style pittoresque, les travaux variés et pénibles des femmes de nos villages, travaux qu’elles exécutent néanmoins avec un entrain et une idée du devoir que rien ne rebute…

(id). Le Pays Poitevin, n° 13, janv., 104. [MP AP 93; AD86 4° E 10] ;
(id). Le Patois Poitevin, par Émilien Traver, [MP CP 1515; AD86 8°C 465] ;
(id). Le Parler Poitevin (rééd. du Patois Poitevin, 1995), 66–68 ;
(id). Morceaux choisis de patois poitevin, 1946, 41–44 ;
Récit sur la maladie de la Mère Madeluche ;
Les Canseils de Louichet l’ageassein (récit) ;
Tire la couvarte au ped dau lit (chanson). Feuille volante (nd) ;
Trempe la soupe (chanson). Feuille volante (nd) ;
Je Roule et je déroule (chanson). Feuille volante (nd) ;
Le garçon couturaie (chanson). Feuille volante (nd) ;
Quant o faüe se marier (chanson). Feuille volante (nd) ;
Les Rubans volant au vent (chanson). Feuille volante (nd) ;

À propos de ces chansons présentées sur scène par Métivier, on pouvait lire :

Quand apparut Métivier, en costume de paysanne peleboise maniant dextrement la quenouille, il se fit dans la salle un silence quasi religieux. Qui oubliera la maîtrise avec laquelle il interpréta Je file ma quenouille, puis Trempe ta soupe, La Belle Bridaie, etc. ?

(id) L’Amicale des Deux-Sèvres, n° 47, mars 1931, 17. [MP Combles 316; AD79 4° P 375] ; Célébration du mariage de Suzon avec Jacquet, par Môssieu le Maêre daux Egrinats (récit) ;

Les Potevins de d’Aut’ fait. Grande scène comique en quatre actes avec chansons poitevines dont quelques–une de l’auteur. Musique de M. L. Giraudias. Melle, (Impr. de Ed. Lacuve Libr.), 1899, 5–71 p., 7 photographies h. t. Il s’agit des quatre saynètes ci–dessus chacune d’elles composant un acte ;

Lés Poetevins de d’àutre fés. Parlanjhe. Geste Editions, 1997, 71 p. Préface et annexe par Jean–Jacques Chevrier. (Réédition de l’édition de 1899) ;

Les Potevins de d’Aut’fait. Comédie en patois poitevin (Fragments), Deuxième Acte. L’Ensorcelée. Le Pays Poitevin n° 13, janv., 102–104. [MP AP 93; AD86 4° E 10] ;

Ine Ganipote. La Scène VII du 1er acte des Potevins de d’aut’ fait. Le Mellois n° 5221 du 26/12 1931. [AD79 F° P 38], Édition en hommage à la l’auteur lors de sa disparition. Apparition d’une ganipotte. Conte en patois. La veillée poitevine, 1899. Charroux et sa région par Jacques Pineau, Poitiers, 1978, 128-130.

À lire :

THEURIET (André) 1896. Le Journal.
Le Républicain de la Vienne, 1899. Régionalisme poitevin. N° 43 du 22/02.
le passant 1899. Causerie. Le Folklore à Poitiers. Le Républicain de la Vienne n° 267 des 20-21/11 ;
Le Républicain de la Vienne, 1899. Soirée Artistique et Littéraire poitevine du 18 novembre. N° 269 du 23/11 ;
Le Courrier de la Vienne et des Deux–Sèvres, 1899. Adolphe Métivier.
N° 281 du 22/11 ;
L’Ouest Artistique et Littéraire, 1899. Adolphe Métivier. N° 115 du 15/12. [MP M 122] ;
L’Ouest Artistique et Littéraire, 1899. Écho et Nouvelles. N° 118 du 25/03. [MP M 122] ;
Le Radical du Poitou, 1899. Soirée littéraire poitevine du 18 novembre.
N° 35 du 11/11 ;
Le Mellois, 1899. Représentation populaire par M. Adolphe Métivier.
N° 3535 du 22-26/03/1899 ;
Le Mellois, 1899. Adolphe Métivier. N° 3563 des 25–29/10.
[AD79 F° P 38] ;
Lou Felibrige, 1900. Le Félibrige poitevin. N° de déc.–janv.
boucher (gustave) 1900. Félibres poitevins. Auguste Gaud, Adolphe Métivier, Henry Martin. Le Pays Poitevin, n° 13, janvier, 99–100. [MP AP 93; AD86 4°E 10] ;
Du Guetin (Pierre) 1900. Le Folklore à Paris. Veillée de Plaisance. Le Journal des artistes, n° avr ;
Un gas de Parthenay, 1900. Le Poitou à Paris. Le Pays Poitevin n° 15 de mars, XCI. [MP AP 93; AD86 4°E 10] ;
Herbinet (Charles) 1900. Le Folklore à Paris. Veillée de Plaisance.
L’Ouest Artistique et Littéraire n° d’avr. [MP M 122] ;
Le Gotha français, 1900. Folklore à Paris. Veillée de Plaisance. N° d’avr ;
CLOUZOT (Henri), 1901. Théâtre poitevin. La Revue Universelle (Larousse), n° du 6/07 ;
L’Echo des Deux-Sèvres, 1901. Coulon. Soirée récréative. N° 43 du 20/10. [AD79 4°P118] ;
L’Echo des Deux-Sèvres, 1901. Compte rendu de la soirée. N° 44 du 27/10. [AD79 4°P118] ;
X… 1902. Cherveux. Fête locale. Le Mémorial des Deux-Sèvres n° 111 du 20/09 ;
In thi aime le ban Diû, 1902. Mossieu l’éprimou. Le Mellois n° 3719 du 22-26/10/1902 ;
Le Dimanche, 1902. La soirée de M. Métivier. N° du 26/10 ;
L’Echo de Civray, 1902. La soirée de M. Métivier. N° 44 du 30/10. [MP M 1918; AD86 28 Jx 5; TGBF Jo13624] ;
Chastang (C.L.) 1928. Le Théâtre populaire en Poitou–Charentes. Le Poitou à Paris, n° 11, avril. [MP M 1828] ;
Le Mellois, 1931. Nécrologie. Adolphe Métivier. N° 5221 du 26/12. [AD79 F° P 38] ;
La Voix des Deux–Sèvres, 1932. Nécrologie. M. Adolphe Métivier. N° 1854 du 3/01, 5 ;
Traver (Émilien,) 1943. Le Patois Poitevin, 75–76. [MP CP 1515; AD86 8°C 465] ;
Traver (Émilien), 1946. Morceaux choisis de patois poitevin, 40 ;
A.M. [André Montazeau] 1966. Métivier (Adolphe). Le Pays Poitevin « Le Pays Mellois », n° 595 du 15/01. [MP M 157] ;
Montazeau (André) 1972. Écrivains patoisants de la contrée melloise ; Bulletin de la SEFCO, mars–avr., pp 113–114. [MP Co516] ;
(id). Tiré à part, 1974, 4 p. [MP Cart. Poit. in–8° 186] ;
Chegaray (Laurence), 1995. De la culture maraichère à la culture poitevine. Félibrige poitevin. Centre–Presse des 14–15/10.

Iconographie :

Photographie d’Adolphe Métivier. Félibres poitevins, par Gustave Boucher ; Le Pays Poitevin, n° 13, janv. 1900, 99. [MP AP 93; AD86 4° E 10] ;
Série de cartes postales de J. Robuchon avec A. Métivier en costume des personnages qu’il interprétait dans sa pièce : Chauvinet part pour Paris, La Ringearde  ;
Celle de Chauvinet part pour Paris sera bien souvent utilisée et on trouve comme légende, Paysan poitevin en costume du XIIIe; Un paludier de Noirmoutier… ;
(id). Le Patois Poitevin, par Émilien Traver, 1944 ;
(id). Le Parler Poitevin (rééd. du précédent, 1995), 165 ;
Celle de La Ringearde également souvent utilisée a pour légende : Le patoisant Métivier déguisé en vieille paysanne dans Le Patois Poitevin de Émilien Traver, 1944 ;
(id). Le Parler Poitevin, (rééd. du précédent, 1995), 23.

Fiche Encyclopédie de la Littérature poitevine par Jean-Jacques Chevrier

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